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Témoignage

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1Témoignage Empty Témoignage 04.11.13 12:21

docdoc



http://www.elwatan.com/hebdo/arts-et-lettres/toubib-or-not-toubib-02-11-2013-233544_159.php

Toubib or not toubib ?

Les tribulations d’un médecin algérien dans l’univers hospitalier français.


C’est l’histoire quasi-rocambolesque d’un grand chirurgien algérien de renommée mondiale aux prises avec le système hospitalier français. Un système qui exploite sans vergogne et ne donne aucune contrepartie à des médecins dont le seul tort est d’être des étrangers. Le professeur Rédha Souilamas troque dans La couleur du Bistouri* son stéthoscope pour une plume acerbe et lucide. Une plume qui taille dans les travers du mépris. Cet écrit traduit une révolte et dénonce les embûches dressées sur le parcours des médecins étrangers en France. Il en ressort qu’à compétence égale, le médecin étranger doit subir un véritable parcours pour recevoir un minimum de reconnaissance. Dès le départ, le professeur Rédha Souilamas comprend le traquenard en écrivant : «Je commence à décrypter progressivement et avec désarroi ce qui me turlupinait tant de manière récurrente. Nous sommes en fait une main-d’œuvre intéressante et bon marché. Nous ne pouvons pas rester longtemps dans le même service, voire le même hôpital, car il faut éviter que nous y prenions nos aises.»

Dans les méandres des couloirs de célèbres hôpitaux parisiens, le chirurgien se familiarise d’abord avec les appellations qui désignent ces médecins étrangers. A chaque étape, on passe de «Faisant fonction d’interne» à «Attaché associé». Mais ce jargon obscur n’est que de la poudre aux yeux qui ne résout aucun problème. Le docteur Souilamas retrace tout son parcours universitaire et toutes les formations qu’il a subies. Des examens à n’en pas finir et qu’il réussit avec brio. Mais, devant chaque réussite, se dressent d’autres examens et comme il le dit : «Les compétences ne suffisent pas, ce n’est même pas un ticket d’entrée. Il faut en plus fournir des gages, se montrer digne de la confiance des autochtones, les encourager par des signes qu’il faut sans cesse inventer pour arriver à être un jour réellement des leurs, c’est-à-dire un vrai docteur. Ce que je n’ai pas cessé de faire depuis mon arrivée. Leur plaire est devenu une obsession.»

Un autre écueil vient perturber la progression du docteur qui, après tant d’efforts et de tentatives infructueuses de se constituer un réseau de relations, va se trouver englué dans une autre affaire. Maintenant, ses chefs hiérarchiques et les institutions hospitalières lui reprochent d’être hyper-compétent. Du coup, son recrutement devient quelque part problématique. La ténacité du docteur finit par payer et il obtient le poste de «chef de clinique associé». Un poste stratégique dans un hôpital car il permet la cumulation de l’activité hospitalière et l’enseignement universitaire. Ce poste en général est réservé aux médecins français, mais un étranger peut l’occuper s’il reste vacant.
Les hôpitaux nomment un médecin étranger à ce poste pour ne pas le perdre. Souilamas s’accroche et parvient à devenir spécialiste en chirurgie thoracique, et notamment dans les greffes pulmonaires. L’occasion lui est ainsi offerte d’exercer son talent dans un grand hôpital en remplaçant au pied levé un collègue parti sous des cieux plus cléments et plus avantageux financièrement. Il doit d’abord passer un oral devant le comité médical de la structure qui veut l’engager. Il passe cette épreuve brillamment puis, pour se faire la main, il séjourne en Grande-Bretagne pour des stages pratiques.

Ses débuts sont mitigés avec des réussites moyennes et beaucoup de complications au bout pour les greffés. Avec le temps, les choses s’améliorent et sa réputation revient sur toutes les langues. Il passe même au journal télévisé de vingt heures de France 2, ce qui est en soi une grande consécration. Mais sa renommée n’est pas bien vue par sa hiérarchie qui, pour lui montrer où est sa véritable place, refuse d’autoriser le journaliste et les techniciens à le filmer in-situ, ce qui les oblige à réaliser le sujet dans un autre hôpital.
Le docteur Souilamas ne s’endort pas sur ses lauriers et continue à chercher les voies pour optimiser la répartition des greffons à travers le monde. Ces derniers sont très rares, car il faut les prélever sur des donneurs potentiels dont la mort clinique est récente. Mais un article dans un grand hebdomadaire français intitulé «La face cachée des greffes» va lui compliquer l’existence et sa hiérarchie voit en sa notoriété nouvelle un motif de lui créer des problèmes. Il ne s’arrête pas en si bon chemin et multiplie les partenariats avec les grandes institutions.
Les Etats-Unis l’accueillent à bras ouverts et, notamment, la prestigieuse University of Columbia. Il réussit à organiser des échanges avec cette université pour faire bénéficier des étudiants français du savoir-faire américain. Par ailleurs, il parvient à organiser de grands congrès internationaux de médecine, tous couronnés de succès.

Cette activité internationale et la reconnaissance dont il jouit dans le monde médical va conduire le grand hôpital parisien où il exerce à ne pas l’inscrire dans le programme des opérations chirurgicales. Une sorte de placard doré où il reste enfermé durant plusieurs mois. Le Dr Souilamas décide enfin de rendre sa blouse en France pour aller exercer ses compétences dans une grande institution internationale. Dans ce récit qui se lit comme un thriller, le Dr Souilamas décrit un univers impitoyable pour les étrangers qui doivent toujours faire plus que les autres pour être acceptés.


*Rédha Souilamas, «La couleur du Bistouri», Ed. Naïve Essais, Paris, 2012.

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