Le nombre de médecins en activité va continuer de baisser jusqu'en 2025
INFOGRAPHIE - Au 1er janvier 2017, la France comptait 290 974 médecins, un chiffre en hausse de 1,8% par rapport à 2016. Mais cette légère progression n'est qu'apparente. En réalité, on observe une baisse de l'activité régulière
Alors que le premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, doivent dévoiler vendredi matin le plan de lutte gouvernemental contre les déserts médicaux à Chalûs, dans la Haute-Vienne, il y a urgence. Urgence car le nombre de médecins en activité continue de baisser, une tendance qui devrait se poursuivre au moins jusqu'en 2025, selon l'atlas de la démographie médicale publié jeudi par le Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM). Or, dans le même temps, la population devrait continuer à croître et, surtout, à vieillir. Sans compter le développement prévu de maladies chroniques, nécessitant des consultations plus fréquentes.
Au 1er janvier 2017, la France comptait ainsi 290 974 médecins, chiffre en hausse de 1,8 % par rapport à 2016, et de 15 % sur 10 ans. Une légère progression qui n'est toutefois… qu'apparente! Et ce, pour trois raisons. D'une part, la hausse enregistrée s'explique par celle du nombre des médecins retraités, qui a bondi de… 93,6 % en 10 ans tandis que les actifs n'ont progressé que de 0,9 %. D'autre part, l'exercice de la médecine a changé: la profession se féminise, le temps partiel se développe et les jeunes générations ne veulent plus travailler 80 heures par semaine. «Si le nombre de médecins semble se maintenir, il y a en réalité une baisse de 10 % de l'activité régulière, qui est une vraie préoccupation», traduit Patrick Bouet, le président du CNOM.
Enfin, cette hausse cache de fortes disparités territoriales. Si le nombre de médecins a baissé dans les Ardennes, la Haute-Marne, la Nièvre ou la Seine-Saint-Denis, il a en revanche fortement augmenté dans le Morbihan, en Haute-Savoie et en Loire-Atlantique. «On ne mesure pas d'impact significatif des précédents plans de lutte contre les déserts médicaux. Au contraire, il y a plutôt une prime négative aux départements en difficulté qui s'enfoncent, note Patrick Bouet. C'est la confirmation, pour les mesures à venir, qu'il faut élaborer non pas un plan unique au niveau national mais définir localement des projets de santé dans les territoires.»
Afflux de diplômés étrangers
Autre fausse solution, pointée par le CNOM: les médecins diplômés à l'étranger qui s'installent en France, dont le nombre a augmenté de… 90 % en 10 ans, alors que de nombreux étudiants français sont refoulés par le «numerus clausus» en première année de médecine (Paces). Aujourd'hui, plus d'un médecin sur 10 en exercice (11,8 %) a obtenu son diplôme à l'étranger, avec une prédominance de médecins roumains. «Cette fuite des médecins pose un problème d'organisation des soins à la Roumanie et n'a pas réglé celui de déserts médicaux car ces médecins étrangers n'ont pas plus d'appétence que les autres pour les territoires en difficulté», déplore Patrick Bouet.
La baisse des médecins est surtout sensible chez les généralistes (88 137 en activité régulière): leur nombre a reflué de 9,1 % en dix ans dans toutes les régions, à l'exception des Pays de la Loire et des DOM. Un problème alors que les pouvoirs publics veulent accélérer la mise en place du virage ambulatoire, où le médecin traitant est un maillon central du parcours de soins. La Bretagne a ainsi perdu 30 % de ses «médecins de famille» en dix ans, suivie par l'Occitanie (-18,3 %) et l'Ile-de-France (-15,5 %). Paris est même le deuxième département affichant la plus forte baisse (-25 %). En revanche, Mayotte enregistre la plus forte hausse de généralistes en dix ans (+ 26,4%), suivi par la Guyane (+ 20,2%) et la Guadeloupe (+ 9,6%).
À l'inverse, les spécialistes (84 862) ont vu leurs effectifs augmenter de 7,2 % sur dix ans. «La réforme du 3e cycle des études de médecine, qui crée de nouvelles spécialités, ponctionne des postes sur la médecine générale pour les affecter à ces nouvelles spécialités», regrette Patrick Bouet.
Par Marie-Cécile Renault Publié le 12/10/2017 journal Figaro
INFOGRAPHIE - Au 1er janvier 2017, la France comptait 290 974 médecins, un chiffre en hausse de 1,8% par rapport à 2016. Mais cette légère progression n'est qu'apparente. En réalité, on observe une baisse de l'activité régulière
Alors que le premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, doivent dévoiler vendredi matin le plan de lutte gouvernemental contre les déserts médicaux à Chalûs, dans la Haute-Vienne, il y a urgence. Urgence car le nombre de médecins en activité continue de baisser, une tendance qui devrait se poursuivre au moins jusqu'en 2025, selon l'atlas de la démographie médicale publié jeudi par le Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM). Or, dans le même temps, la population devrait continuer à croître et, surtout, à vieillir. Sans compter le développement prévu de maladies chroniques, nécessitant des consultations plus fréquentes.
Au 1er janvier 2017, la France comptait ainsi 290 974 médecins, chiffre en hausse de 1,8 % par rapport à 2016, et de 15 % sur 10 ans. Une légère progression qui n'est toutefois… qu'apparente! Et ce, pour trois raisons. D'une part, la hausse enregistrée s'explique par celle du nombre des médecins retraités, qui a bondi de… 93,6 % en 10 ans tandis que les actifs n'ont progressé que de 0,9 %. D'autre part, l'exercice de la médecine a changé: la profession se féminise, le temps partiel se développe et les jeunes générations ne veulent plus travailler 80 heures par semaine. «Si le nombre de médecins semble se maintenir, il y a en réalité une baisse de 10 % de l'activité régulière, qui est une vraie préoccupation», traduit Patrick Bouet, le président du CNOM.
Enfin, cette hausse cache de fortes disparités territoriales. Si le nombre de médecins a baissé dans les Ardennes, la Haute-Marne, la Nièvre ou la Seine-Saint-Denis, il a en revanche fortement augmenté dans le Morbihan, en Haute-Savoie et en Loire-Atlantique. «On ne mesure pas d'impact significatif des précédents plans de lutte contre les déserts médicaux. Au contraire, il y a plutôt une prime négative aux départements en difficulté qui s'enfoncent, note Patrick Bouet. C'est la confirmation, pour les mesures à venir, qu'il faut élaborer non pas un plan unique au niveau national mais définir localement des projets de santé dans les territoires.»
Afflux de diplômés étrangers
Autre fausse solution, pointée par le CNOM: les médecins diplômés à l'étranger qui s'installent en France, dont le nombre a augmenté de… 90 % en 10 ans, alors que de nombreux étudiants français sont refoulés par le «numerus clausus» en première année de médecine (Paces). Aujourd'hui, plus d'un médecin sur 10 en exercice (11,8 %) a obtenu son diplôme à l'étranger, avec une prédominance de médecins roumains. «Cette fuite des médecins pose un problème d'organisation des soins à la Roumanie et n'a pas réglé celui de déserts médicaux car ces médecins étrangers n'ont pas plus d'appétence que les autres pour les territoires en difficulté», déplore Patrick Bouet.
La baisse des médecins est surtout sensible chez les généralistes (88 137 en activité régulière): leur nombre a reflué de 9,1 % en dix ans dans toutes les régions, à l'exception des Pays de la Loire et des DOM. Un problème alors que les pouvoirs publics veulent accélérer la mise en place du virage ambulatoire, où le médecin traitant est un maillon central du parcours de soins. La Bretagne a ainsi perdu 30 % de ses «médecins de famille» en dix ans, suivie par l'Occitanie (-18,3 %) et l'Ile-de-France (-15,5 %). Paris est même le deuxième département affichant la plus forte baisse (-25 %). En revanche, Mayotte enregistre la plus forte hausse de généralistes en dix ans (+ 26,4%), suivi par la Guyane (+ 20,2%) et la Guadeloupe (+ 9,6%).
À l'inverse, les spécialistes (84 862) ont vu leurs effectifs augmenter de 7,2 % sur dix ans. «La réforme du 3e cycle des études de médecine, qui crée de nouvelles spécialités, ponctionne des postes sur la médecine générale pour les affecter à ces nouvelles spécialités», regrette Patrick Bouet.
Par Marie-Cécile Renault Publié le 12/10/2017 journal Figaro